Aujourd’hui on le sait, nos ados visionnent volontairement ou pas des images pornos, mais pourquoi ?

Pour répondre aux besoins de curiosité relative aux pratiques sexuelles (position, plaisir pour soi, pour l’autre), à la mécanique sexuelle (pénétration…) ;

Pour comprendre et comme moyen d’éprouver son identité sexuelle ;

Pour brandir une connaissance de la sexualité dans les groupes de pairs (lien social) ;

Pour explorer ses fantasmes sans risquer de se mettre dans un danger réel…

Sous réserve d’un accompagnement à la pensée critique ! Mais voilà… parce que les adultes ne parlent pas de sexualité, et parce qu’il n’y a pas d’éducation à la sexualité suffisamment inscrite dans le périmètre scolaire, extra-scolaire, familial, les dangers et les risques existent.

Et si, nous adultes, on prenait le problème à la racine ?

En commençant une conversation avec nos ados des collèges et des lycées ? Discuter avec sérénité et échanger sur les comportements de découverte en lien avec le développement sexuel de chacun devrait donner des outils aux jeunes au fur et à mesure de leur existence pour s’épanouir, se protéger et briser le silence si nécessaire. À condition de répondre aux vraies questions que se posent les ados ! Que les adultes parlent de sexualité joyeuse avec sincérité, dignité, en adaptant le discours à chaque âge et à chaque questionnement et, surtout, en s’adaptant aux demandes réelles des ados !

Ainsi ces derniers pourraient percevoir qu’il existe des alternatives aux propositions souvent inadaptées, voire aux confins de la norme sexuelle que l’on trouve dans la porno. Ils pourraient se construire un rapport au corps et à la sexualité qui autorise la recherche de leur propre désir, plaisir et bien-être, plutôt que de chercher la reconnaissance des autres (l’égalité femme-homme : pas vraiment l’essence même du porno mainstream) et de prouver leur capacité à être sexuellement « performants » comme dans leurs « tutos porno ».

S’impliquer dans la réflexion.

Parler dignement de sexualité, déconstruire les images pornos sans culpabiliser les ados, ne pas plaquer des recettes (méfions-nous du « je sais ce qui est bon pour toi »), chacun doit pouvoir trouver sa place dans une atmosphère chaleureuse et per- missive. Attention à ne pas vouloir apporter une pile de connaissances qui cacherait la possibilité de dire les vrais questionnements de chacun. Il s’agit pour les adultes de s’impliquer dans la réflexion plutôt que donner l’impression de tout savoir, et d’inscrire dans les discours une ouverture sur les droits sexuels, à savoir l’égalité des femmes et des hommes, le consentement et la réciprocité équitable.

Le plus important étant de rappeler que la sexualité est un langage à apprendre dont le couple désir/plaisir est le moteur et que, de fait, la sexualité s’apprend tout au long de la vie.

Pour aller plus loin sur ce sujet :

Claude Giordanella, infirmière-sexologue et enseignante en santé sexuelle.

Cet article a été réalisé par l’OPEN pour le n°453 de « La voix des Parents » dans le cadre de notre partenariat avec la PEEP.

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