Tout juste créée, l’association Vigip@rents a rencontré, la semaine dernière, une centaine d’élèves du lycée Pierre-et-Marie-Curie. Un programme pour apprendre aux parents et aux professeurs à détecter les signes de radicalisation.
« On se dit toujours que ça ne peut pas nous arriver ,qu’on n’est pas influençables, mais en fait ça peut arriver à tout le monde », réalise Illona en sortant de la rencontre organisée par Vigip@rents. Un programme pour apprendre aux parents et aux professeurs à détecter les signes de radicalisation (NR du 28 septembre).
Ce qui a le plus marqué la lycéenne et ses camarades, c’est le parcours d’un Castelroussin. « Il avait quatre enfants. Un matin, sa femme lui avait préparé son casse-croûte ; il est parti au travail, et il n’est plus jamais rentré, raconte Yasmina Aïssa, la présidente de l’association Comme à la maison. Sa sœur a reçu un appel de la Syrie : on lui a dit que son frère était “ mort en martyr ”. «
Des histoires de Français partis en Syrie rejoindre Daech, il y en a à la pelle dans la presse ou sur les réseaux sociaux. « Mais des cas concrets, près de chez nous, c’est marquant, remarque Juliette. On peut en connaître. »
Vigilants sur les réseaux sociaux ?
Jeudi, ces élèves ont écouté durant une heure les animateurs de Vigip@rents. De la définition de la radicalisation, à l’embrigadement via les réseaux sociaux, ils ont appris les rudiments pour identifier et répondre à ce phénomène. « Tout changement brutal chez vos copains, ça peut être un signe », les alerte Thomas Rohmer, président de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique.
Un avertissement qui laisse certains adolescents dubitatifs. « Ça peut être une période, rien à voir avec la radicalisation », nuance Illona. « On n’est pas assez puissants, qu’est-ce qu’on pourrait faire si ça arrivait ? », s’interroge Yvon. « J’irais voir une association », assure Clément. « T’irais vraiment voir une association ? », doute Illona.
Ces accros aux réseaux sociaux ont aussi eu droit à un rappel sur la nature de Twitter, Facebook, Instagram… « N’importe qui peut prendre n’importe quelle identité », insiste Thomas Rohmer.
Un trentenaire d’Aulnay-sous-Bois (Ile-de-France), par exemple, se faisait passer auprès de collégiennes pour un adolescent égyptien voulant apprendre le français. « C’est ce qui est arrivé dans un collège où j’ai travaillé », témoigne Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des mères. Pas de quoi inquiéter les lycéens.
« Nos parents nous disent de ne pas accepter les inconnus, reconnaissent-ils. Mais c’est vrai que, sur Twitter et Instagram, on ne fait pas vraiment attention. Après, on ne va pas forcément leur répondre. »
Publié le 3/10/2017 par Fanny Laison – sur la Nouvelle République.fr