La moitié des 15-17 ans a déjà surfé sur un site pornographique. Des images très facilement accessibles, qui ont des conséquences sur leur sexualité. Il y aurait des moyens d’agir.
Comment protéger les mineurs des images pornographiques ? En juin, le Collège national des gynécologues et obstétriciens a lancé au gouvernement un « appel solennel » pour préserver les personnes mineures. Les signataires suggéraient que les fournisseurs d’accès à Internet soient obligés de conditionner l’accès aux sites porno à une preuve de majorité, via une carte bancaire par exemple. Ceux qui ne le feraient pas seraient « frappés au portefeuille », via de grosses amendes.
« Trente ans qu’on se plante ! »
« Des solutions existent, on en a bien trouvé pour les jeux en ligne ! » dit aussi l’association Open. La nomination, fin janvier, d’un secrétaire d’État à la protection de l’Enfance, Adrien Taquet, rend « optimiste » le président de l’association, Thomas Rohmer, qui croit à des avancées prochaines. Le gouvernement réfléchirait notamment à la mise en place de « tiers de confiance », des sites chargés de contrôler l’identité et l’âge des utilisateurs.
Mais il faut aussi agir en matière de prévention, plaident les professionnels. « On est face à un échec en matière d’éducation sexuelle et affective. Voilà trente ans qu’on se plante ! tranche Thomas Rohmer. Et il reste très compliqué de parler de sexualité en France en 2019. Le porno est pourtant le modus operandi choisi par les ados, à un âge où ils sont des volcans hormonaux, pour pallier le manque d’accompagnement des adultes sur ce sujet. » Les séances prévues en milieu scolaire sont rarement assurées.
« C’est quoi, être un mec ? »
Parler : c’est aussi le leitmotiv de Ghada Hatem, signataire de l’appel des gynécologues, en juin. « Parents et enseignants doivent se mobiliser et parler émotion, sexualité, consentement, respect. On doit dire à ces gamins que la sexualité des sites porno n’est pas la vraie vie. Ils doivent pouvoir débriefer et ne pas rester dans un choc psychique. »
Car certains voient ces images contre leur gré, forcés par les copains. « Il faut leur dire : « Tu as le droit de ne pas avoir envie de regarder ces images. Et ce n’est pas parce qu’on te dit dans la cour de récré : Si tu ne regardes pas de porno, t’es pas un mec, que c’est le cas. » » Derrière, dit-elle, il faut aborder la question du masculin, du genre, de la virilité : « C’est quoi, être un mec ? ».