A les écouter, ils seront les seuls dans leur classe à ne pas avoir de portable en 6e. Face à la pression de leur progéniture, les parents ont choisi leur camp.
« TOUS les enfants ont un smartphone pour l’entrée en 6e. » Ainsi commencent et se terminent la plupart de mes échanges quotidiens avec ma fille, depuis que le collège est en vue.
Après enquête, il semblerait que « tous les autres » représentent en réalité un quart de la classe – les enfants, comme nous autres, souffrent d’un biais de confirmation : il suffit d’avoir envie d’une verrière d’atelier dans sa cuisine pour remarquer que « tous les autres », sur Instagram, en ont une, et qu’il faut sur le champ aller chez Leroy-Merlin.
Cela dit, une enquête de Médiamétrie pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN), réalisée en 2019, observe que pour les enfants âgés de 0 à 14 ans qui possèdent un smartphone, le premier portable a été acheté à 9,9 ans en moyenne. Elle évalue à 65 % le taux des jeunes entre 11 et 14 ans qui ont déjà leur propre smartphone, une proportion qui, le temps de publier l’enquête, a probablement augmenté. Une étude de Bouygues/CSA plaçait, en 2018, l’âge du premier téléphone à 11 ans et demi.
Impossible retour en arrière
Le smartphone est-il vraiment devenu un rituel accompagnant l’entrée en collège ? Offrir un téléphone à un enfant peut paraître rassurant à l’âge où les déplacements seuls vont se généraliser. Mais acheter un modèle qui ne sert qu’à téléphoner vous vaudra d’être qualifié de « pire parent de la classe » et réclamera à peu près autant d’énergie que de trouver une télé en noir et blanc. Tout cela pour vivre avec la même culpabilité que si l’on envoyait son enfant en classe avec un cartable tandis que tous ses copains portent un sac à dos.