Une étude pointe du doigt la surconnexion des adultes, qui sont souvent les premiers à initier leurs enfants au numérique.
Alors que l’utilisation par les enfants des écrans effraye de nombreux parents, une étude pointe du doigt la surconnexion des adultes, qui sont bien souvent les premiers à initier leurs enfants au numérique.
« Haro sur le mythe de l’enfant qui passe son temps sur Internet: ce sont les parents qui sont surconnectés », écrit Médiamétrie, dans son étude pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open) et l’Union nationale des associations familiales (Unaf), publiée ce lundi.
Alors que les recommandations pleuvent sur les limites à donner aux jeunes enfants pour éviter une surexposition aux écrans, ce rapport souligne l’utilisation très importante du numérique par les parents, qui a évidemment un impact sur l’utilisation des plus petits.
Les parents, ces grands utilisateurs d’écrans
L’étude souligne avant tout que les parents sont bien plus équipés technologiquement que leurs enfants et bien plus connectés. 96% des parents interrogés déclarent ainsi utiliser Internet au moins une fois par jour, pour seulement 35% des enfants (0-14ans). D’autre part, 89% des parents disent passer plus d’une heure devant un téléviseur un jour en semaine, alors que pour les enfants (0-14 ans) le chiffre est de 61%. Pour les ordinateurs, ce ratio est de 75% – 42 %, et pour les smartphones 79% – 52%.
« Les parents sont les premiers initiateurs à l’usage des écrans. Lors de la première utilisation d’un équipement numérique par l’enfant, 77% des enfants étaient accompagnés », note de plus l’étude. 57% disent d’ailleurs utiliser un téléviseur en présence des enfants, 32% leur smartphone.
Alors qu’ils sont le premier vecteur d’entrée des écrans au domicile, les parents restent toutefois très inquiets de l’utilisation faite par les enfants des écrans, et plus globalement d’Internet et de sa fréquence. Les deux plus grands risques pour ceux interrogés sont celui de la dépendance aux écrans (90%) et celui de la mise en contact les enfants avec des inconnus (87%).
Des écrans dans les mains dès deux ans
Cela dit, en parallèle de ces dangers, 83% pensent que l’utilisation du numérique permet à l’enfant de vivre dans son temps, de se divertir ou encore de s’ouvrir à la connaissance. Pour 72% des parents interrogés, il s’agit aussi d’occuper son enfant facilement.
Ainsi, entre 0 et deux ans, et malgré les inquiétudes évoquées plus haut, on retrouve 12% des enfants utilisant une tablette, 9% un smartphone, 8% une console de jeux et 6% un ordinateur. Des proportions qui ne font qu’augmenter avec l’âge. De 3 à 6 ans, ils sont ainsi 54% à se servir d’une tablette, 25% d’un smartphone.
« Dès 2 ans, 28% des parents déclaraient que leur enfant jouait sur un ordinateur ou une tablette 1 à 2 fois par semaine, 10% que l’enfant jouait quotidiennement sur un smartphone et 67,7% que leur enfant regardait quotidiennement la télévision », souligne un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique. « En 2013, 15% des bébés de quinze jours à trois mois mangeaient déjà devant un écran de télévision ou un autre type d’écran. »
Dans ce rapport du Haut Conseil, publié fin janvier 2020, l’impact des parents dans la consommation d’écrans des enfants est déjà notée: « les parents étant les premiers acheteurs d’outils numériques, ils doivent limiter ces achats pour en limiter l’accessibilité aux adolescents ».
L’interaction parentale nécessaire
« Il n’y a pas de mauvais outils mais plutôt de mauvais usages », précise dans Le Figaro Jocelyn Lachance, maître de conférences en sociologie à l’université de Pau, auteur de La Famille connectée: de la surveillance parentale à la déconnexion des enfants. L’accès au numérique, pour qu’il ne soit pas néfaste, doit en fait s’accompagner d’un contrôle. « Avant l’âge de 3 ans, les écrans sont à proscrire si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas réunies », note d’ailleurs le Haut Conseil de la Santé Publique.
Alors que de multiples études faites sur l’accès des enfants aux écrans notent les conséquences négatives telles que les troubles du sommeil ou le manque de mobilité en cas de surexposition, d’autres soulignent toutefois qu’il peut y avoir du positif, mais selon le contenu ingurgité: « le vocabulaire des enfants regardant des contenus tels que Dora l’exploratrice était significativement plus élaboré que celui des enfants qui regardaient les Télétubbies », explique par exemple le rapport Haut Conseil de la Santé Publique.
« Il y a une grande différence entre ceux qui ont des parents pour les initier à ces outils et ceux qui sont livrés à eux-mêmes », souligne Jocelyn Lachance.