Deux organismes français ont fait paraître une étude sur la « parentalité à l’épreuve du numérique » dont les résultats montrent que les parents sont tiraillés par leurs contradictions.
Face au déploiement des écrans et des outils numériques dans les foyers, les parents ont un rôle fondamental à jouer auprès de leurs enfants pour les protéger et les guider dans leur pratique. Une étude menée par l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique (OPEN) et l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) fait le point dans ce domaine. Les résultats indiquent que si le phénomène de dépendance aux écrans est bien installé chez les enfants… elle l’est tout autant chez les parents. En effet, ces derniers sont plus « connectés » que leurs enfants, puisque 96% des parents utilisent Internet au moins une fois par jour, contre seulement 35% des enfants.
Attention toutefois car ce chiffre concerne uniquement le temps en ligne, et pas uniquement du temps d’écran : télé, console de jeux, jeux sur smartphone ou tablette ne sont pas forcément représentés. Mais ils sont aussi de grands consommateurs d’écrans, utilisés très largement devant les enfants : seuls 2 % des parents n’en utilisent jamais en leur présence. Par ailleurs, la trinité smartphone-télévision-ordinateur est présente dans quasiment tous les foyers car 91% des foyers sont équipés d’un smartphone, 91% sont équipés d’une télévision et 90% d’un ordinateur. Ils sont suivis de près par les consoles (70%) et les tablettes (70%).
De l’interdiction pure et simple au dialogue
Qu’en est-il du taux d’équipement de leurs enfants ? Celui-ci est qualifié « d’impressionnant » par l’OPEN qui atteste qu’ils sont très tôt propriétaires de leurs appareils. À 10 ans, ils sont 35% à posséder leur console de jeu, 28% leur tablette, et 11% leur téléviseur. Le téléphone portable arrive très vite aussi : l’âge moyen d’équipement est de 9,9 ans, et entre 11 et 14 ans, ils sont 65% à en posséder un. « Certes, ces appareils semblent incontournables, en priver totalement nos enfants est difficile, voire impossible, mais il serait peut-être bon de retarder leur acquisition. En s’armant de patience et en étant pédagogique, attendre 12 ans pour le smartphone ou 9 ans pour la console ne devrait pas être mission impossible. », souligne l’association.
Cette hyperconnexion fait que les parents ont une vision ambivalente des effets de l’usage du numérique par leurs enfants. Si les opportunités sont évoquées (ouverture à la connaissance, divertissement…), certains risques génèrent des inquiétudes (cyberharcèlement, rencontre avec des inconnus). Ainsi, 90% des parents disent craindre en premier lieu une dépendance aux écrans. C’est pourquoi dans plus de 9 foyers sur 10, ces derniers ont mis en place au moins une règle pour en contrôler les usages. Imposer des limites (en temps, lieu…) est la règle la plus sollicitée, puis sont cités le fait de contrôler les contenus visionnés, respecter les signalétiques d’âge, paramétrer leurs équipements…
Des parents insuffisamment accompagnés ?
Ces stratégies éducatives peuvent aussi s’appuyer sur une approche positive : proposer des activités alternatives aux écrans, favoriser des pratiques numériques qu’ils estiment plus pédagogiques… Selon l’Open, « l’étude montre bien que les parents sont créatifs et volontaires quand il s’agit de fixer des règles. » L’éducation au numérique est par ailleurs un sujet familial, puisque dans la quasi-totalité des foyers, au moins l’un des parents s’est saisi de cette question. Attention cependant à ce que cette discussion au sein du foyer ne favorise pas de désaccords ou de tensions entre les parents, prévient de son côté l’UNAF, qui souligne que 44 % d’entre eux s’estiment “pas accompagnés”, ou insuffisamment.
L’institution indique en effet que pour reprendre la main, les parents sont en demande de solutions concrètes telles que des conseils pratiques ou des outils non-numériques pour aborder la question des écrans en famille. « Cette étude confirme la volonté forte des parents d’accompagner les enfants, mais aussi d’être plus soutenus, car c’est un défi au quotidien. » note Marie-Andrée Blanc, présidente de l’Unaf. L’OPEN, quant à lui, leur recommande « de faire confiance à leur instinct et à leurs valeurs au lieu de chercher la solution miracle ou de déclarer forfait trop vite. » Car ce sont eux qui connaissent le mieux leur enfant et sauront trouver les solutions « maison » les plus appropriées.