Selon le dernier rapport IPSOS/OPEN de 2024, les 15-17 ans déclarent, en moyenne, passer 2h48 par jour sur leur smartphone pour l’école.

Plus généralement, les 7-15 déclarent passer en moyenne 1h19 par jour sur leur ordinateur pour l’école. Ces temps consacrés à l’utilisation des outils numériques dans le cadre scolaire questionnent sur la cohérence éducative véhiculée par les adultes, notamment à l’heure où “la pause numérique” s’érige en mesure phare de la rentrée 2024. Il s’agit d’une initiative pilote testée dans des collèges en France : les élèves doivent déposer leurs téléphones portables à leur arrivée, et ces derniers leur seront rendus après les cours. Elle vise à réduire les distractions, à lutter contre le cyberharcèlement et à améliorer la santé physique et mentale des jeunes. Déployée dans 200 établissements, elle pourrait être généralisée dès janvier 2025.

En septembre 2024, le centre de recherche Digital Futures for Children (DFC) a publié un rapport constatant le manque d’études évaluant l’impact des politiques de restriction des smartphones à l’école. Néanmoins, il souligne que les interdictions totales sont rares et les écoles privilégient des approches nuancées. Certaines études montrent des bénéfices à la restriction, notamment pour les élèves défavorisés, même si les résultats sont contrastés. A l’inverse, bien intégrés, les smartphones peuvent apporter des avantages éducatifs, bien que les écoles favorisent les ordinateurs et tablettes. La majorité des enseignants, parents et élèves soutiennent des restrictions avec des exceptions pour les besoins éducatifs ou médicaux.

De son côté, dans un article publié sur The Conversation, Jean-François Cerisier, professeur en sciences de l’information, regrette le manque de concertation avec les familles, suggérant une « co-éducation ». En effet, plutôt que la simple restriction, il faudrait « normaliser » l’usage des smartphones, en délimitant les temps et lieux où ils sont nécessaires, utiles ou préjudiciables. Ne pas prendre en compte le rôle actif des adolescents risque de les exclure de la discussion, les privant ainsi d’un espace où ils pourraient exprimer leurs propres expériences et réflexions, alors qu’ils sont confrontés aux mêmes défis complexes et contradictions que les adultes. Force est de constater qu’à travers cette mesure le gouvernement néglige l’idée selon laquelle l’acquisition de l’autonomie numérique passe par la capacité à restreindre soi-même ses pratiques lorsque cela est opportun. L’appropriation des outils et leur design parfois toxique passera par l’apprentissage et la réflexion plutôt que la prohibition.

Article rédigé par Vincent Bernard, médiateur numérique et membre du comité d’experts de l’OPEN.

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Cet article a été réalisé par l’OPEN pour le n°459 de « La voix des Parents » dans le cadre de notre partenariat avec la PEEP. Découvrez les autres rubriques.