Nous nous sentons démunis lorsque nous découvrons que notre enfant est victime de cyberharcèlement. Pourtant, nous sommes les mieux placés pour l’aider.

Thomas Rohmer, président de l’association : « Dans un groupe de parole animé par l’OPEN, un papa qui se sentait coupable de n’avoir rien vu a pleuré à chaudes larmes : sa fille victime de cyberharcèlement avait récemment fait une tentative de suicide. »

Pour Thomas Rohmer, le cyberharcèlement, et le harcèlement en général, peuvent parfois être des signaux d’alarme salutaires. A condition qu’il soit détecté le plus tôt possible, avant d’avoir fait trop de dégâts, le harcèlement dont est victime notre enfant est aussi l’opportunité pour nous, parents, de faire le point et de nous réveiller avant qu’il soit trop tard : notre enfant a besoin de nous, et la meilleure réponse est d’être là pour lui.

Le clip coup de poing : “T’es moche ! Ce serait mieux si t’étais morte”

Le clip commence de façon tout à fait innocente: une maman s’installe à côté de sa fille pour lui lire une histoire avant de dormir. Autour d’elles, une jolie chambre de petite fille, rassurante et confortable.

 

 

La maman commence à lire une histoire. “T’as pas d’amis. Tout le monde te déteste. Tes fringues sont nulles. T’as les cheveux gras, MDR. Tes dents sont dégueu. T’es grosse, t’es dégoûtante, t’es moche. Ce serait mieux si t’étais morte.”

“Et votre enfant, il lit quelles histoires avant de s’endormir?”

Cette vidéo de l’association britannique Papyrus veut alerter les parents sur la réalité du cyberharcèlement. Pour trop de parents, la vie “en ligne” de leurs enfants est un mystère: par pudeur ou par manque d’intérêt, ils s’immiscent rarement dans ce qu’ils considèrent être le jardin secret de leur enfant. Résultat, ils ignorent la violence qui peut se déchaîner quand un enfant est choisi comme souffre-douleur.

Le cyberharcèlement, c’est quoi exactement ?

Pour pouvoir parler de cyberharcèlement, il faut que plusieurs facteurs soient réunis. Une dispute via les commentaires sous un post, un incident isolé, voire une insulte – si ces choses ne sont pas agréables et méritent d’être prises au sérieux, elles n’en constituent pas pour autant du cyberharcèlement. Leurs effets et leurs conséquences ne sont pas comparables.

C’est lorsque les incidents se répètent, qu’ils sont coordonnés (les agresseurs se mettent d’accord à l’avance pour harceler), lorsque la victime n’est pas en mesure de se défendre contre ses bourreaux et ne se sent pas soutenue par les témoins, qu’il s’agit véritablement de cyberharcèlement. Le harcèlement a de lourdes conséquences à long terme.

Harcèlement et cyberharcèlement : les adultes doivent arrêter de se voiler la face

Les adultes ont tendance à penser que le cyberharcèlement, comme le harcèlement scolaire, est un problème d’enfants et d’adolescents. Que ceux-ci se comportent en “petits sauvages”, réfractaires à la moindre forme d’empathie, prêts à rigoler du malheur des autres : on veut croire que cela fait naturellement partie de leur croissance.

Mais le cyberharcèlement n’est pas une fatalité. Il faut aussi le répéter, les mythes autour du harcèlement sont destructeurs : non, il ne s’agit certainement pas d’un rite de passage, et non, non, mille fois non, survivre au harcèlement scolaire ne rend pas “plus fort” !

Le drame est que les enfants semblent avoir un sixième sens qui leur permet de flairer la fragilité d’un autre enfant. La victime est souvent vulnérable parce qu’elle traverse déjà une période difficile.

Les enfants et adolescents les plus souvent pris pour cible de harcèlement sont perçus comme“différents” par leurs bourreaux.

Les statistiques montrent clairement que les victimes sont régulièrement ceux qui ne rentrent pas dans le rang, d’une façon ou d’une autre.

C’est ce que de nombreux spécialistes confirment : tous les enfants ne sont pas égaux face au harcèlement. Ceux dont le parcours de vie est plus chaotique, de façon temporaire ou sur le plus long terme, sont souvent pris pour cible.

Il est donc important que les parents et adultes se sentent concernés au premier chef par le harcèlement et le cyberharcèlement.

Un rappel à l’ordre  pour nous, parents

Le harcèlement scolaire sous toutes ses formes, cyberharcèlement ou brimades dans la cour de récré, est tragique et peut marquer durablement la victime. Cependant, soyons lucides il est aussi un signal d’alerte !

Nos enfants ont besoin de nous, il faut que nous soyons présents lorsqu’ils se sentent mal dans leur peau. Nous sommes souvent débordés par le travail, parfois désemparés devant un adolescent taciturne, et il peut nous arriver tout simplement de ne pas passer assez de temps avec eux.

Une situation de harcèlement peut être le rappel à l’ordre qu’il ne faut pas rater : nos enfants sont précieux et il est important de les valoriser le plus souvent possible et les aider à prendre confiance en eux. Ecoute, disponibilité et soutien sont compliqués à mettre en oeuvre au quotidien. Ils n’en demeurent pas moins indispensables au bien être de nos enfants.

Ne sous estimons pas notre rôle, dans ce genre de situation nous ne sommes pas complètement impuissants …

Vers qui se tourner en cas de harcèlement ou cyberharcèlement ?

Fil Santé Jeunes
Sur le web https://www.filsantejeunes.com
Par téléphone 0 800 235 236

Un espace anonyme et gratuit pour les jeunes, pour partager son expérience et poser ses questions à des professionnels, par tchat, par téléphone ou pour échanger sur les forums.

Non Au Harcèlement
Sur le web https://www.nonauharcelement.education.gouv.fr
Par téléphone 3020

Mis en place par le ministère de l’Éducation nationale, avec des conseils pour savoir quoi faire en cas de harcèlement, qu’on soit victime, parent ou témoin.

Le 119
Sur le web https://www.allo119.gouv.fr
Par téléphone 119

Un numéro spécial dédié à la protection de l’enfance, joignable 24h sur 24 et 7 jours sur 7, pour signaler un enfant en danger.