Dès la rentrée 2024, la « pause numérique au collège » va être expérimentée. Cette nouvelle mesure prise par le Ministère de l’Éducation Nationale et annoncée par Nicolle Belloubet vise à réduire l’usage des smartphones par les élèves pendant les heures de cours ainsi qu’à instaurer un environnement plus propice à l’apprentissage.

Au départ, seulement un collège par département sera concerné par cette expérimentation, soit environ une centaine d’établissements sur l’ensemble du territoire national.

Pourquoi cette expérimentation ?

Bien que depuis 2018 les smartphones soient interdits au sein des écoles et collèges français, dans la pratique, les élèves sont nombreux à les consulter pendant les pauses mais aussi parfois durant les heures de cours. Cette « pause numérique » témoigne de la volonté du gouvernement de renforcer cette interdiction en proposant une approche plus structurée et systématique.

L’objectif du gouvernement est de limiter l’impact des smartphones sur la santé et l’apprentissage des jeunes par une double approche :

  • Lutter contre les distractions et la déconcentration des élèves en limitant le temps passé sur les écrans.
  • Lutter contre le cyberharcèlement car selon Nicole Belloubet, « des images prises dans les collèges circulent sur les réseaux sociaux ».

Concrètement, comment ça marche ?

À partir de septembre 2024, les élèves concernés par cette expérimentation devront déposer leurs téléphones en début de journée, et ne pourront les récupérer qu’à la fin des cours. En favorisant la déconnexion y compris durant les pauses, l’ambition du gouvernement est d’encourager les élèves à opter pour des activités sans écrans : lecture, jeux d’équipes, discussions entre amis…

L’interdiction ne doit pas se substituer à l’éducation.

Bien que cette initiative soit motivée par des intentions louables, elle ne peut être efficace sans être doublée d’une éducation au numérique des élèves et d’un accompagnement des parents et du corps enseignant.

En effet, même si des moments de déconnexion sont instaurés au collège, les outils numériques feront tout de même partie du quotidien des élèves dans tous les espaces hors scolaires (domicile, loisirs, espaces publics, etc.). Il est donc essentiel qu’ils soient accompagnés par des adultes dans leurs usages et sensibilisés à certains comportements néfastes tels que le cyberharcèlement. Par ailleurs, gardons en tête que les malveillances scolaires peuvent se passer des écrans, il est donc important que la communauté éducative ne se désengage pas de son observation et de son accompagnement.

Favoriser la déconnexion des élèves durant les temps scolaires ne doit pas générer un désinvestissement de la part des adultes. Comme pour n’importe quel autre enjeu éducatif, les élèves doivent pouvoir être accompagnés pour s’approprier ces technologies de façon raisonnée pour apprendre à s’autonomiser dans les espaces numériques. Les interdictions ne doivent pas se substituer à l’éducation.

Réciproquement, les adultes doivent également repenser leur posture. Afin que les mesures prises soient acceptées et respectées par les élèves, il est nécessaire de déployer un cadre éducatif cohérent. Éduquer les jeunes au numérique implique notamment de réfléchir à ses propres usages.

En effet, comment exiger une déconnexion de la part des élèves lorsque les adultes eux-mêmes ne peuvent se passer de ces outils ?

Finalement, pour être efficace, l’approche éducative se doit d’être globale. Protéger et préparer les jeunes à un usage autonome et responsable des outils numériques ne peut se faire sans l’accompagnement et l’exemplarité de l’ensemble de la communauté éducative.