Icebucketchallenge, neknomination, mannequinchallenge, autant de noms célèbres qui incarnent le phénomène des défis sur les réseaux sociaux.
Alors que penser de ces défis ? Phénomènes de mode ou nouveau mode d’expression d’une génération en quête de reconnaissance ? Nous avons essayé d’y voir plus clair.
Le concept des défis :
Les défis ont eu tendance à se multiplier sur les réseaux sociaux ces dernières années. Apparus d’abord sur Facebook à l’époque où cette plateforme était la préférée des adolescents, ils se déploient désormais sur les autres réseaux Twitter, Instagram, et maintenant Snapchat.
Le principe est souvent simple et identique : un(e) internaute se filme ou se prend en photo en train de réaliser un « défi » et interpelle sa communauté afin que ses « followers », ou « abonnés » imitent son geste, le plus souvent en désignant quelqu’un.
On comprend aisément que ce type de démarche devienne rapidement virale au regard des millions de jeunes connectés sur tous ces réseaux.
Il va sans dire que la possibilité infinie de pouvoir entrer en contact avec des communautés de son choix, par l’entremise de ces réseaux, offre à cette génération un terrain de jeu où les prises de risques sont largement facilitées par l’anonymat en renforçant une certaine désinhibition.
Lorsque l’on interroge Hélène aujourd’hui 17 ans qui avait participé au défi neknomination il y a quelque temps cette dernière ne regrette pas son choix : « je me souviens, j’ai reçu l’invitation par un ami sur Facebook un samedi matin alors que je rentrais de boite, j’ai trouvé ça marrant et me suis dit que ce n’était pas un verre de plus qui allait changer quoi que ce soit… ».
Quant au fait de devoir désigner 3 de ses « amis » sur Facebook pour participer au défi, elle assume tout à fait : « ça fait partie du jeu, franchement je ne vois pas où est le problème ils ne sont pas obligés de participer et ça permet de voir les petits joueurs et ceux qui assument … ».
Les défis les plus connus :
Parmi les différents défis qui ont fait le tour du monde on retrouve donc le « neknomination » dont le concept parti d’Australie, a fait fureur début 2014. L’objectif était simple se filmer en train de boire un verre d’alcool « cul-sec » et désigner 2 de ses amis sur Facebook afin qu’ils fassent de même.
Le « icebucketchallenge » quant à lui a connu son heure de gloire à l’été 2014 avec une approche plus ludique et moins dangereuse consistant à se verser un seau d’eau glacée sur la tête. Le jeu est devenu rapidement viral lorsque le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a invité plusieurs personnalités à participer. Ce défi s’est alors transformé en mouvement caritatif mondial qui a permis de lever plus de 100 millions de dollars de fonds pour la recherche contre la maladie de Charcot.
Plus récemment le « mannequinchallenge » est un phénomène importé des USA fin 2016 et consiste à filmer des personnes immobiles dans des positions diverses et variées le tout sur une musique entrainante. Ce nouveau défi a rapidement envahi la planète, au départ pour s’amuser puis rapidement transformé comme moyen de promotion de projets ou de causes. Hillary Clinton s’est emparé de ce concept lors de sa campagne. Ce « jeu » s’est même exporté hors de notre planète puisque notre astronaute français Thomas Pesquet a relevé le défi à bord de la navette spatiale internationale.
Les défis sur Internet : des nouveaux rituels pour les ados ?
Tous les phénomènes qui apparaissent sur la toile sont désormais largement scrutés et relayés par les « médias traditionnels ». Ces derniers adoptent souvent des postures regrettables soit en prêtant attention à ce qui reste un épiphénomène ou bien en stigmatisant cette génération adepte de ces nouveaux rituels.
Si l’on y regarde de prêt, se lancer des défis entre jeunes n’est pas nouveau aussi il faut relativiser leur portée et leur engouement réel. La prise de risque fait aussi partie des processus de construction observés chez les adolescents. Face à nos sociétés désormais incapables de procurer à ses enfants des rites de passage du monde de l’enfance au monde des adultes, ces nouveau défis offrent dès lors un moyen d’expression et d’affirmation pour cette génération en perpétuelle quête de reconnaissance.
Mais dès lors quel rôle devons nous tenir en tant qu’adultes référents pour les enfants et les adolescents ? Que signifient ces défis pour eux ? Faut-il s’en inquiéter ? C’est ce que nous avons demandé à deux de nos experts la psychologue Marion HAZA et le Sociologue Jocelyn LACHANCE – Regards croisés