Thomas Rohmer, président de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique et les autres associations ont fait de la lutte contre la radicalisation, leur cheval de bataille.
Châteauroux. Plusieurs associations ont présenté, hier à Saint-Jean, ce programme de prévention destiné aux familles et acteurs du monde éducatif.
Leur diagnostic est sans appel : les pouvoirs publics sont impuissants à régler le problème. « Un numéro vert n’est pas la solution », tranche Nadia Remadna, présidente de la Brigade des mères, quand Thomas Rohmer, fondateur de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open), juge que « les mesures de déradicalisation ne servent à rien. » Face à ce constat, plusieurs associations ont décidé de travailler ensemble. « Nous nous sommes rendu compte que nous défendions la même cause, mais chacun de notre côté », justifie Sofiane Bouktit, directeur de l’Oiseau-lyre qui accompagne les jeunes en difficulté.
Deux cents conférences et ateliers
A l’invitation de l’association locale, Comme à la maison ( NRdu 19 septembre), et après plusieurs mois de travail, ils ont officiellement lancé Vigip@rents, hier, à Châteauroux. « On a vécu les attentats et, si on ne fait rien, ce sera pire,prédit Nadia Remadna. Protéger les jeunes de l’intégrisme est de notre responsabilité. »
Ce programme est destiné aux familles et à ce que Thomas Rohmer appelle « les professionnels de la communauté éducative, comme les enseignants ou les éducateurs. Sans tabou, mais avec bienveillance, sans stigmatiser qui que ce soit ».
Nadia Remadna martèle que le problème n’est pas confiné à une seule communauté : « J’ai vu tous les cas, des bac + 3, des gens en échec scolaire, des jeunes femmes brillantes, des alcooliques, des sortis de prison et même des familles entières parties en Syrie ».
Pour tisser sa toile, Vigip@rents ambitionne d’organiser près de deux cents conférences et ateliers, d’abord en région parisienne. « On se destine à un territoire plus large,ajoute Sofiane Bouktit, mais chaque chose en son temps, nous restons humbles face à ce sujet sensible. »
Vigip@rent agira « dans un objectif de prévention,annonce Thomas Rohmer. D’abord aider à relever des petits signes qu’on ne voit pas tout de suite puis, quand ces « signaux faibles » sont identifiés, proposer un accompagnement aux familles ».
Sofiane Bouktit répertorie quatre axes de travail :
1. « Déconnecter la radicalisation du religieux. L’alcoolisme, la drogue, l’anorexie, etc., sont aussi des formes de radicalité. »
2. « Expliquer les deux voies de la radicalisation : Internet et les rencontres physiques. Ça peut arriver n’importe où, n’importe quand. »
3. « Comment décrypter les signaux. »
4. « Comment aider les familles concernées. »
Pour ce faire, chaque association apportera ses compétences. Une synergie qu’elles espèrent efficace même si, préviennent-elles, « nous n’avons pas de baguette magique ».Mais la volonté de réussir, certainement.
Par Bertrand Slézak – Publié le 28/09/2017