Une nouvelle étude menée par Médiamétrie pour l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN) et pour l’Union nationale des associations familiales (UNAF) a récemment été publiée.
En analysant les habitudes numériques d’un panel de 2 000 foyers français composés d’enfants âgés de 0 à 14 ans, l’étude interroge les pratiques des enfants et la gestion de la part des parents.
Parmi les nombreuses statistiques, on relève le taux d’équipement très élevé des foyers. 91 % des foyers sont équipés d’un smartphone, 91 % d’un téléviseur et 90 % d’un ordinateur. Ils sont suivis de près par les consoles (dans 70 % des foyers) et les tablettes (70 %).
Les enfants deviennent plus rapidement propriétaires de leurs propres outils numériques. En moyenne, la première console de jeu arrive à 7,3 ans, le premier smartphone à 9,9 ans, la tablette juste avant 7 ans, et l’ordinateur à 8 ans et demi. L’étude souligne que dans la majorité des cas (43 % pour les smartphones et 74 % pour les tablettes) ces objets sont offerts en guise de cadeaux.
L’utilisation régulière des écrans par les enfants est une forme de mimétisme, ceux-ci reproduisant finalement ce que font leurs parents. Selon Médiamétrie, les parents passent plus de temps sur internet que leurs enfants, principalement pour se rendre sur les réseaux sociaux. 98 % d’entre eux utilisent leurs appareils devant leurs enfants.
Sur la perception du numérique, les réponses sont mitigées. 42 % perçoivent le numérique comme étant un risque pour l’enfant et 43 % le perçoivent comme étant une opportunité. Les jeunes parents ayant des enfants âgés de 0 à 2 ans sont plus sensibles aux risques associés aux usages du numérique par rapport aux parents plus âgés ayant des enfants de 7 à 14 ans.
Pour le psychiatre Serge Tisseron interrogé par le site Le Poulpe, il est primordial de faire un effort sur la gestion du temps d’écrans des enfants de moins de 3 ans. « Entre 0 et 3 ans, il y a énormément de capacités mentales qui se mettent en place. Et c’est difficile à rattraper », explique-t-il.
Mais limiter l’utilisation des écrans chez les enfants comme chez les parents n’est pas toujours une mince affaire. Les établissements scolaires eux-mêmes prennent le virage du numérique et dématérialisent les informations.
L’étude rapporte également que 70 % des enfants de moins de 14 ans utilisent un écran en étant seul. Problème, dans leur chambre, ils dépassent très facilement les limites imposées. Et des limites, ce n’est pas ce qui manque. 95 % des parents mettent en place au moins une règle pour contrôler les usages numériques de leurs chérubins, des règles principalement liées à la limitation d’usage dans un lieu ou un temps donné, comme à table.
Pour les aider, les parents peuvent compter sur des fonctionnalités et applications. Depuis iOS 12, les iPhone et les iPad ont tout un attirail de fonctions de « bien-être numérique » réunies sous la bannière Temps d’écran. Du côté de Google, il est possible de télécharger l’application Family Link pour superviser les enfants utilisant des appareils Android.
Interrogé par le quotidien Le Monde, Thomas Rohmer, président de l’OPEN, estime que ces applications ne sont pas « la solution magique à tous les problèmes. Ce sont des outils, parmi d’autres, pour suivre, ou encadrer un enfant dans ses pratiques numériques ».
Et pour cause. Les enfants redoublent d’astuces, échangées dans les cours de récréation, pour déjouer ces limitations. À chaque mise à jour, différents tutoriels inondent la toile pour apprendre aux jeunes comment détourner le contrôle parental.
Interrogée par le Washington Post en octobre dernier, une porte-parole d’Apple se veut rassurante et déclare que tout est mis en œuvre pour améliorer constamment Temps d’écran.
Face à cela, certains parents s’adonnent à des pratiques plus fourbes. 24 % d’entre eux déclarent avoir, à un moment donné, utilisé des « logiciels d’espionnage » pour surveiller l’activité de leurs enfants. Thomas Rhomer déplore cette pratique : « ils espionnent leurs enfants dans leur dos pour se rassurer eux-mêmes. On n’est pas dans l’accompagnement, mais dans la surveillance, le flicage sans dialogue ». Or, c’est le dialogue qui est primordial, pour conduire à « une responsabilisation de l’utilisation d’un smartphone ou d’une application. »